À propos
Mon travail est principalement axé sur l’humain, ce qui le singularise dans son histoire personnelle et ce qui l’inscrit dans le collectif.
Mon travail rebondit, se transforme tout le temps,(reprise, multiplication, superpositions, assemblages, couture, passage du très petit au très grand). J’aime le côté imprévisible et l’impermanence, ce qui surgit en cours de création m’étonne à chaque fois. Je ne sais jamais où je vais lorsque je commence à dessiner mais je sais comment je déambule sur le papier.
Christine Vanhaverbeke.
Dans l’atelier … La mise en route
Je suis généralement en recherche en septembre octobre, je tâtonne je fais des
essais ,j’expérimente beaucoup, ensuite j’ai remarqué que fin novembre c’est là ….mon idée s’est précisée, mon choix d’outils est fait et c’est l’abondance ,je travaille tous les jours, c’est un peu une confluence avec mon travail et le plaisir de créer qui me pousse à rejoindre la feuille et l’espace de travail, c’est très facile…quand je travaille, j’aime le silence pas de musique, juste le bruit de la feuille, de mes mains qui la caresse la tâte ,le bruit de mes doigts qui effleurent les outils qui bougent sur la table de bois ..le bruit du trait que je pose ,que je frotte ,le bruit de la machine qui coud transperce le papier, sentir mon pied sur la pédale qui décide de la vitesse de l’aiguille. Il y a alors en quelque sorte deux mondes, celui qui me relie à ma vie de famille mes amis mon travail et celui du dessin.
J’ai d’abord peur de ne pas y arriver, de ne pas trouver de rater, alors je retarde, je retarde, je chipote je trie je range, je bois un « Ricoré », je redescends je remonte je regarde par la fenêtre, je donne un coup de téléphone à une amie, je vais faire une course
…parfois l’envie est plus forte que la peur et là c’est bingo, je surfe sur la bonne vague…la bonne vague dure en général de novembre à fin mars début avril, là je travaille en bas près du feu ,ensuite c’est un peu comme si je rentrais doucement en hibernation c’est drôle, en écrivant cela je me rends compte qu’on est au printemps ,c’est un peu comme si pour moi le temps de germination et d’éclosion se faisait en automne et hiver pour s’endormir au printemps ..Je réalise que je suis dans un autre temps…
Je n’aime pas que l’on regarde ce que je suis en train de réaliser, j’aime ranger et cacher mes travaux en gestation. J’ai en quelque sorte besoin de les laisser en couveuse tant qu’ils sont inachevés. Je n’aime pas que l’on déplace mes crayons que l’on vienne dans mon ordre(désordre)en tout cas quand mon travail est en cours après c’est différent.
En général j’ai du mal à m’arrêter, je pourrais travailler toute la nuit, ce qui me rappelle à la réalité c’est la raison : « demain je dois me lever tôt pour prendre le train » mais aussi la fatigue lorsque je commence à bâcler abimer salir ce que je fais ne plus lui donner d’importance, maintenant je sais reconnaître ce moment et m’arrêter avant.
J’ai besoin de tourner autour de ma feuille de dessiner en partant d’endroits différents juste comme cela sans raison en tout cas au début, j’ai besoin de bouger et que ma feuille bouge j’aime regarder mon dessin le découvrir d’un autre plan…cela me surprends et me donne envie de m’y attarder ou pas…
J’aime le moment où corporellement je « sens » que mon dessin est en équilibre, je sais alors qu’il est terminé et cela me donne un sentiment de plein. Je me sens « complète ».